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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/331

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excursion une espèce de friquet à huppe noire qui m’était tout à fait inconnue, et que les muletiers, auxquels je montrai l’animal, reconnurent sur-le-champ pour un gorioncillo du genre pichinchu. J’écrivis sous leur dictée ces deux noms ténébreux, et après avoir écorché mon volatile avec les précautions voulues, je bourrai de coton sa dépouille mortelle et l’ensevelis la tête la première dans un cornet de papier dont je murai l’entrée au moyen d’une épingle.

Ces soins pris, je me rapprochai du colonel, paisiblement assis sur son almofrez, où il avait passé sa journée à fumer et à lire des journaux, pendant que de son côté Apolinario se promenait de long en large. Surpris à bon droit d’une pareille indolence, je demandai à don Estevan quel jour il comptait se mettre au travail. Il me répondit alors que le travail auquel je faisais allusion était terminé depuis longtemps.

Comme je le regardais d’un air ébahi, il se mit à rire, et ouvrant une maleta en cuir dont il gardait la clef sur lui, il en retira une feuille de parchemin qu’il me tendit et que je déroulai avec empressement. Sur cette feuille, un plan géométral de la province était tracé avec une sûreté de lignes qui dénotait la main d’un employé du cadastre. Les mots suivants, écrits en espagnol dans la légende, ne laissaient d’ailleurs aucun doute à cet égard : « Dressé