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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/332

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par ordre de l’excellentissime vice-roi, comte Gil de Lemos, — août 1690. »

« Où diable avez-vous déniché ce plan ? demandai-je à don Estevan qui paraissait enchanté de lui-même.

— Je ne l’ai pas déniché, me répondit-il, je l’ai acheté deux piastres à un frère lai de la Recoleta, qui l’avait payé six réaux à un marchand du Baratillo[1].

— Est-ce que vous comptez par hasard le présenter au gouvernement comme l’œuvre de votre main ?…

— Sans doute ; seulement je ne donnerai pas au gouvernement l’original que vous voyez, mais une copie que je ferai faire par mon filleul qui est clerc d’escribano ; le drôle a une belle main et dessine un peu à ses moments perdus ; il me fera cela en s’amusant.

— Infâme plagiaire ! m’écriai-je en riant.

— Mon cher, me répondit-il gravement, lorsque tant de gens, entre les doctes et les illustres, ne se font aucun scrupule de se parer des dépouilles d’autrui, pourquoi un pauvre colonel du génie comme votre serviteur, ne présenterait-il pas comme sien un plan fait il y a 150 ans, dont le monde entier ignore l’existence, et que son auteur, qui jouit à

  1. Marché qui se tient sur la place de San Francisco, à Cuzco, le samedi, de midi à six heures.