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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/346

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devoir, en ma qualité d’archéologue, pousser une reconnaissance jusqu’à la ville signalée, afin de m’assurer par moi-même de la réalité de son existence. La relation de M. Gay et le témoignage de M. Huot, malgré toute leur valeur officielle et l’aveugle confiance qu’en d’autres temps je leur eusse accordée, ne me suffisaient plus, depuis qu’ayant cherché à travers l’Amérique du Sud et sur la foi de toutes les cartes connues, cette lagune Rogaguado, où trempent complaisamment les têtes de cinq affluents inexplorés de l’Amazone : le Jutahy, le Jurua, le Teffé, le Coary et le Purus-Purus, je n’avais rien trouvé qui ressemblât à la lagune en question, que j’avais fini par regarder comme tout à fait fantastique. Craignant une déception de ce genre à propos de l’antique ville, je crus prudent, avant de l’aller visiter, de prendre conseil de deux vieux amis qui me portaient un intérêt réel, et plus d’une fois m’avaient mis en garde contre les incroyables erreurs qu’on me débitait à titre de notions historiques, et que, sans eux, j’eusse acceptées comme articles de foi.

J’ai déjà tracé quelque part[1] le portrait de l’un de ces personnages, illustre chanoine de l’ordre de Santo Domingo, appelé Justo Apu Ramo de Sahuaraura, et descendant en ligne directe du Soleil ;

  1. Revue Contemporaine. t. XXXI, p. 322.