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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/347

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l’autre, chanoine aussi, mais de l’ordre de San Antonio, ne revendiquait aucun titre de noblesse et se nommait tout simplement Ayala. Il était professeur de théologie au collége de Saint-Bernard, « humait volontiers le piot, » comme dit Rabelais, et cultivait les mathématiques à ses moments perdus. En narrateur consciencieux, je dois ajouter que mes deux amis se détestaient cordialement, et que je ne les recevais chez moi qu’à tour de rôle, de crainte qu’à la suite d’une de ces divergences d’opinion qui ne manquaient pas de se produire chaque fois que le hasard les mettait en présence, la discussion ne dégénérât en querelle et que des coups de langue on ne passât bientôt aux coups de poing.

Ce fut donc séparément que je les consultai sur la valeur de la notice insérée par M. Huot, en demandant à chacun d’eux ce qu’il en pensait ; mais j’eus beau employer tous les détours, user de toutes les ressources de mon habileté, je n’en pus tirer autre chose qu’un quien sabe, modulé sur différents tons ; or, ces deux mots, qui, en espagnol, ont la prétention de répondre à tout, ne répondent absolument à rien. Curieux alors de voir comment ils accueilleraient mon projet de voyage, je m’empressai de leur en faire part. À ma grande surprise, non-seulement ils l’approuvèrent sans restriction, mais ils m’engagèrent à l’effectuer au plus tôt. C’était me dire en