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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/370

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la mimique. Je regardai l’inconnu comme pour lui demander l’explication d’un pareil sabbat.

« Nous entrerons où vous voudrez, » me dit-il.

Je mis immédiatement pied à terre devant une maison peinte en rose avec des volets verts à lisérés noirs. Un muchacho saisit mon cheval par la bride et l’entraîna dans le corridor, pendant que Pedro Diaz me présentait à une femme d’un âge et d’un embonpoint respectables, qui m’accueillit par une véritable révérence de menuet.

« Mamita, lui dit l’Espagnol, qu’avez-vous à donner à ce voyageur qui vient de Cuzco et n’a pas encore déjeuné ?

— Mais tout ce qu’il voudra, répondit la femme, J’ai du lard fumé, du fromage, des œufs, et, si cela ne suffit pas, la boucherie est à deux pas, j’enverrai chercher un bistèque. Pendant qu’on préparera son déjeuner, monsieur peut aller faire un tour dans le jardin, les unuelas sont délicieuses cette année.

— Tiens ! dis-je, mais cela tombe à merveille : j’adore les unuelas.

— Alors, monsieur pourra se régaler, car mes arbres sont chargés à rompre, et, sans la concurrence, je ferais cette année des affaires d’or.

— Une concurrence, dites-vous ?

— Ah ! monsieur ! et une terrible encore ! Tenez, pas plus tard qu’hier, je faillis me prendre aux cheveux avec la Micaëla, une voisine qui avait eu