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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/372

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Je promis à l’hôtesse de réfléchir à sa proposition, et, la laissant vaquer aux préparatifs de mon déjeuner, je priai l’Espagnol de me conduire au jardin.

« Eh bien ! me dit ce dernier quand nous fûmes seuls, avez-vous maintenant encore une aussi mauvaise opinion de ces pauvres femmes ?

— Non, paisano, lui répondis-je ; j’ai porté un jugement téméraire, et je le confesse en toute humilité ; mais ce qui me console un peu, c’est que mon erreur, à l’endroit des Urubambinas, a dû être déjà celle de bien des gens, comme elle sera probablement encore celle de bien d’autres ; et tant que ces dames se montreront aussi démonstratives à l’égard des passants à qui les antécédents de l’unuela sont inconnus, je crains fort que ceux-ci ne prennent, comme je l’ai prise, leur activité commerciale pour de l’effronterie.

Pobrecitas ! » fit l’homme en ouvrant une porte à claire-voie qui séparait la basse-cour du jardin et qu’il referma derrière nous, sous prétexte que les poules et les canards étaient très-friands d’unuelas.

Le jardin dans lequel nous venions d’entrer était tout simplement un terrain en friche où l’herbe montait jusqu’aux genoux. De vieux arbres fruitiers, tortus et difformes, y croissaient pêle-mêle. Jamais la serpe n’avait touché ces hôtes vénérables, qui, malgré l’abandon dans lequel ils végétaient, malgré la