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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/373

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mousse et le lichen qui les rongeaient comme une lèpre, et les guis parasites qui les enveloppaient de toutes parts, n’en continuaient pas moins de fleurir et de fructifier chaque année. Nous nous assîmes au pied d’un de ces unueleros, dont les branches, garnies de fruits pressés, pendaient jusqu’à terre, et nous n’eûmes qu’à allonger le bras pour atteindre à l’objet de notre convoitise.

L’unuela, sur laquelle nous avons laissé en suspens la curiosité du lecteur, n’est autre chose que l’amygdalus persica où pêche vulgaire, importée par les premiers colons espagnols qui s’établirent dans le pays à la suite des conquérants. Depuis cette époque, la pêche a crû et prospéré sous bien des latitudes américaines, et, sous le nom d’alberchigo, de melocotone ou d’aurimela, fait les délices de plus d’un gourmet ; mais ce n’est que dans le val d’Urubamba, c’est-à-dire par 13° 57’de latitude australe, que, répudiant son nom patronymique pour prendre celui d’unuela, et se modifiant sous un climat favorable, elle a acquis en qualité ce qu’elle perdait en volume. Qu’on se figure, si l’on peut, un fruit de la grosseur d’une prune de reine-Claude, à la pellicule d’un rose jaunâtre, fine comme celle de l’œuf, et dont la pulpe exquise est si fondante qu’une simple pression des lèvres suffit à la précipiter au fond du gosier de l’expérimentateur, entre les dents duquel elle laisse, comme une attestation de son passage,