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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/375

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somme, je me réveillerais avec un appétit dévorant. Je le crus sur parole, et, m’allongeant sur l’herbe, je ne tardai pas à mettre son observation à profit.

J’ignore depuis combien de temps je dormais ainsi, bercé par le froissement du feuillage et le chant des oiseaux qui picoraient au-dessus de ma tête, quand la voix de Pedro Diaz me réveilla brusquement. Le déjeuner n’attendait plus que moi. Je suivis l’Espagnol en me frottant les yeux. Dans une salle basse, dont les persiennes étaient fermées à cause de la chaleur, le couvert était mis sur une petite table haute d’un pied. Des escabeaux servaient de siéges. Le déjeuner se composait d’un potage aux œufs et au fromage, d’olives à l’huile et de grillades de mouton. J’invitai mon guide à s’asseoir en face de moi, ce dont il voulut d’abord se défendre, alléguant son indignité et le négligé de sa mise ; mais comme, sans l’écouter, je venais d’emplir son assiette du potage en question, mon homme prit le parti de s’exécuter, et soit que les unuelas eussent effectivement aiguisé son appétit, soit que le déjeuner fût de son goût, il y fit honneur en véritable affamé. L’hôtesse, la serviette au bras, dans une attitude modeste, présida la séance, qui fut couronnée par une tasse de ce chocolat de Soconuzco, auquel Linné eût dû consacrer exclusivement l’épithète de theobroma, qu’il donne au caracas vulgaire. Après l’indispensable verre d’eau, accompagné de deux