un noyau pareil à celui d’une cerise et lisse comme ce dernier, au lieu d’être revêtu de sillons irréguliers comme le noyau de la pêche vulgaire. Et comme si cette amélioration notable ne suffisait pas, il est dans le genre unuela un individu plus parfait encore, et dont la grosseur dépasse à peine celle d’une prune de mirabelle. Ce dernier fruit est à l’unuela vulgaire, ce qu’est l’ortolan au moineau, le vin de Constance à celui de Suresnes ; aussi n’est-il jamais mis en vente sur les marchés. L’Urubambino, assez heureux pour posséder un de ces arbres, en surveille la floraison avec sollicitude, et suit le développement des fruits avec un intérêt qui ne cesse qu’à l’époque de la récolte, où la susdite unuela, qui porte dans le pays le nom de fruta impérial, est expédiée avec toutes sortes de précautions, soit à l’évêque, soit au préfet, soit enfin à quelque joli minois de la province.
Pendant que mon guide me donnait ces détails d’arboriculture, je dégustais avec sensualité toutes les uñuelas qui se trouvaient à ma portée, et qui, pour n’être pas du genre impérial, ne m’en semblaient pas moins exquises. Après une demi-heure de cet exercice, je me sentis si complétement rassasié, que j’avouai à l’Espagnol qu’il me serait impossible de déjeuner ; mais il m’assura gravement que l’unuela, à l’inverse de tous les fruits connus, était un apéritif plutôt qu’un aliment, et qu’après un léger