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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/377

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persiennes ne se levèrent plus, et prenant, au sortir de la ville, un sentier bordé, d’un côté, par des champs de roseaux, de l’autre, par des serros coupés à pic, nous arrivâmes, après une heure de marche, au ravin d’Occobamba, où mon guide avait établi sa demeure, Ce ravin, large entaille pratiquée par quelque cataclysme dans le flanc occidental de la Cordillère de Vilcanota, sert de lit aux torrents de neige fondue qui se précipitent du Salcantay, et de chemin aux muletiers qui se rendent du Cuzco au val d’Occobamba, situé à l’est de la même Cordillère. La sauvage décoration du site est en harmonie avec les eaux troubles et glacées qui le sillonnent ; des blocs de granit, détachés de la masse des Andes par l’action des volcans, jonchent le sol de toutes parts ; quelques-uns, arrêtés dans leur chute, dominent le chemin de quelques centaines de mètres, et semblent toujours vaciller sur leur base, au grand effroi du voyageur. La décomposition du minéral, le détritus des lichens et des mousses, la poussière charriée par les vents, ont, à la longue, rempli les crevasses de ces blocs d’un terreau végétal dont s’accommodent des liliacées et quelques plantes grasses ; sur les plants inférieurs, des touffes de maguey (agave americana) dressent leurs longs glaives à côté des mullis centenaires (schinus molli), dont les troncs gris, jaspés de plaques fauves, sortent, en se tordant d’entre les pierres, comme des boas monstrueux.