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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/412

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pre sœur, Mama Chimpu Ocllu, Tupac avait eu de sa femme et de ses nombreuses concubines, deux cent quatre-vingt-onze enfants, parmi lesquels on comptait vingt-trois fils légitimes, qui vivaient à la cour en attendant que la couronne échût, par droit d’hérédité, à l’ainé d’entre eux. Cet aîné, appelé Huayna Capac, devait un jour être père de Huascar et d’Atahualpa, et voir la race du Soleil s’éteindre dans un fratricide.

À l’époque où se passe cette histoire, la ville de Ccozco, capitale de l’empire, gardait encore, à peu de chose près, la physionomie que lui avait imprimée en 1042, Manco Capac, son fondateur. C’était le même parallélogramme d’une lieue de long sur mille toises de large, développé du nord au sud, et protégé sur trois de ses côtés par un rempart percé de meurtrières.

Pour embrasser à la fois dans leur ensemble et leurs détails les constructions de la ville sacrée, gravissons en imagination la colline de Sacsahuaman, que l’Inca régnant venait de couronner d’une forteresse, œuvre bizarre, figurant trois demi-lunes dentelées placées en retrait, et qui allaient s’amoindrissant, à mesure qu’elles se rapprochaient du faîte de l’éminence. De ce point élevé, le regard plongeait dans la ville, coupée de l’est à l’ouest par un large torrent, et divisée en deux faubourgs qui tiraient leurs noms de l’inégalité du terrain sur lequel ils étaient situés. Le premier de ces faubourgs, appelé