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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/42

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et je pleurai amèrement. Le soir, on alluma des feux sur la grande place, et les enfants tirèrent des pétards en signe de réjouissance. Les prisonniers étaient condamnés à mourir. Ne pouvant rien pour eux, je quittai Cuzco dans la nuit même, maudissant les bourreaux espagnols et appelant sur leur tête la vengeance de Pachacamac ! Jésus n’était plus pour moi que le Dieu des tyrans et je le…

Chito hereje[1] ! » fit le curé.

Cette exclamation coupa la parole à Symphorose. Il nous regarda tour à tour d’un air hébété, comme s’il eût cherché à ressaisir le sens de ses paroles, puis l’éclair d’animation qui brillait dans ses yeux s’éteignit rapidement, et le masque du Quechua reprit son immobilité première.

« Vous avez eu tort de l’interrompre, dis-je au curé ; maintenant il ne parlera plus.

— Eh ! son histoire était finie.

— Non, car on m’a parlé d’un affreux supplice auquel Tupac-Amaru fut condamné, mais sans m’en donner les détails, et j’avoue que j’aurais tenu à les connaître.

— Rien n’est plus facile ! fit le curé en emplissant d’eau-de-vie un grand verre à chicha et le tendant à Symphorose, qui sourit de plaisir et l’avala d’un trait :

  1. Silence, hérétique !