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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/422

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oreilles ; il te plut de m’adjoindre à la tribu des Tampus, et de troquer cet ornement de laine contre un ornement de totora (jonc) ; grâces te soient rendues pour cette insigne faveur !

— Après, mon fils, dit l’empereur en ajoutant de nouvelles feuilles à la pelote volumineuse qu’il roulait déjà dans sa bouche.

— Fils du Soleil, poursuivit le cacique, ta volonté suprême a fait successivement de moi un homme libre, un noble cacique, un général illustre.

— Celui que nous appelons Churi (le soleil), répondit l’Inca, prescrivit à Manco Capac, son premier fils, d’élever aux honneurs l’homme de mérite, et d’éloigner de sa vue l’homme paresseux et lâche, qu’il flétrit de l’épithète de misqui-tullu[1], en le vouant au mépris de ses semblables. Descendant de Manco Capac, je dois professer ses maximes sacrées.

— Aussi, pour te prouver ma reconnaissance, poursuivit Ollantay, me suis-je attaché d’âme et de corps à ta personne, et t’ai-je aidé à conquérir tour à tour les provinces de Huancrachucu, de Cassamarquilla et de Vilcanota…

— Tu oublies la dernière, fit l’empereur en regardant attentivement son favori, celle de Conturmarca, où tu reçus dans la poitrine cette pierre lancée par une fronde invisible dont le coup m’était destiné.

  1. Os paresseux, — littéralement os sucrés.