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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/421

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moneurs sur le faîte d’une cheminée, étaient en train de calculer l’approche d’un équinoxe, un homme, caché derrière ces piliers, et qui guettait apparemment l’arrivée du cortége, abandonna son poste et, s’avançant vers l’empereur, se prosterna à quelques pas de lui, la face contre terre. Cet homme était vêtu d’une tunique bleue ; il avait les cheveux courts sur le front et flottants sur les épaules. Un morceau de jonc, de la grosseur du doigt, traversait le lobe de ses oreilles. Tupac, occupé en ce moment de la préparation d’une chique de feuilles de coca, dont il retirait les nervures longitudinales avec le plus grand soin, suspendit son travail pour étendre vers l’inconnu le sceptre d’or qu’il tenait à la main ; il avait reconnu dans le suppliant son cacique Ollantay, récemment promu au grade de général, en récompense de ses bons et loyaux services.

« Relève-toi, mon fils, lui dit-il ; tu es un des fidèles qui réjouissent notre vue, et que nous aimons à voir auprès de nous. »

Ollantay se releva, fit trois pas de plus au-devant du maître, et croisa ses bras sur sa poitrine dans l’attitude d’un profond respect.

« Parle maintenant, lui dit l’inca.

— Fils du Soleil, répondit Ollantay, je n’étais autrefois qu’un Indien obscur de la nation Poque, condamné par tes aïeux à ne porter d’autre ornement qu’un flocon de laine blanche suspendu à mes