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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/424

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clave au sang des enfants du Soleil ! Et croyais-tu aussi que le descendant du grand Manco Capac, le divin empereur de Cuzco, pourrait condescendre à cette union honteuse et nommer son gendre un Indien Poque qu’il a ramassé dans la boue ? Par la race dont je descends ! je me sentirais disposé à rire de tes prétentions extravagantes, si elles n’offensaient la dignité du Soleil ! Retire-toi, serpent que nous avons réchauffé dans notre sein, ta présence souille l’air que nous respirons ; demain, le châtiment que nous te réservons, retentira dans toutes nos provinces ! »

Le cortége impérial se remit en marche, aux sons de la flûte et aux cris des bouffons qui recommençaient leurs danses.

Ollantay, désespéré, abandonna le soir même la ville de Cuzco et partit pour le tampu que son maître l’avait autorisé à faire construire dans la vallée de Yucay-Urubamba, habitée alors par la nation Poque à laquelle appartenait le cacique. Son premier soin, en arrivant, fut de dépêcher un messager aux tribus Pirahuas et Ayquis, ses alliées. Ce messager était porteur de quipus noirs et jaunes qui racontaient la disgrâce du favori, les douleurs de l’amant, et concluaient par un appel aux armes. Le secours demandé ne se fit pas attendre. Deux jours après le retour du messager, dix mille Indiens armés de lances et de frondes, occupaient les hauteurs