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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/44

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Comme je rentrais dans le champ de foire, un mozo basané, d’assez mauvaise mine, à qui mon signalement avait été donné, sans doute, vint me demander si je n’étais pas le Huéracocha étranger que Santiago s’était chargé de conduire à Cuzco. Sur ma réponse affirmative, le drôle me dit que mon guide ayant appris qu’un de ses parents du village de Combata était en danger de mort, venait de partir à franc étrier, abandonnant mes bagages dans une chicheria. L’idée d’un vol me vint naturellement à l’esprit, et je demandai l’adresse de cette chicheria, presque certain qu’elle serait introuvable. À la honte de mes soupçons, le mozo s’empressa de m’y conduire. D’un coup d’œil je m’assurai que mes bagages étaient au complet et que rien ne manquait au harnachement de ma mule. Je remerciai intérieurement Santiago de n’emporter que les avances qu’il avait reçues, et, bien persuadé que nous ne nous reverrions plus, je me mis sur-le-champ en quête d’un arriero. Vingt convois de mules étaient sur le point de partir et j’eus bientôt trouvé mon affaire. L’homme avec qui je traitai devait quitter Tungasuca au petit jour. Je lui remis mes bagages en le priant de m’indiquer un gîte. Il me désigna une chicheria de sa connaissance où je serais hébergé comme un prince. J’y trouvai, en effet, d’excellent picante et j y dormis d’un très-bon sommeil, malgré le chant des coqs perchés à trois