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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/48

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remplacées par d’autres, que les premières bouffées d’un vent tiède. On était alors à la fin d’octobre. Je me promis, à mon retour, d’étudier en détail ces plantes fanées, larves végétales dont le printemps et le soleil devaient faire autant de papillons radieux.

Notre voyage se poursuivit sans encombre jusqu’à la lagune d’Urcos, que nous atteignîmes le sixième jour. Du haut de l’éminence qui longe le chemin, j’admirai un instant ce lac d’une lieue de circuit, bordé de roseaux verts et couvert de palmipèdes qui folâtraient à sa surface. Le muletier, se méprenant sur la nature de mes pensées à l’aspect de ce bassin enchâssé dans ses trois montagnes, vint me souhaiter pour toute richesse le bijou enfoui dans ses eaux ; et comme je le regardais d’un air étonné, il m’apprit que la chaîne d’or de Huayna Capac, cette merveille à laquelle quatre historiens espagnols ont consacré chacun une page, ce bijou colossal, long de quatre cents mètres et destiné à enserrer la grande place de Cuzco pendant les réjouissances publiques, se trouvait dans le lac, où les Indiens l’avaient précipité, à l’époque de la conquête, afin de le soustraire à la rapacité des Espagnols. Naturellement, il me vint à l’esprit que les habitants du pays auraient dû dessécher le lac pour en retirer cette chaîne, et j’en fis l’observation à mon homme, qui me répliqua qu’ils l’avaient tenté