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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/49

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à plusieurs reprises, mais toujours sans succès, les anneaux de la chaîne ayant eu le temps de prendre racine et de rejoindre sous terre les filons primitifs dont on les avait tirés. La légende me parut singulièrement apocryphe, et notre conversation en resta là.

Le jour suivant, au moment où le soleil allait disparaître, une masse compacte d’édifices apparut au fond de la Quebrada dans laquelle nous cheminions depuis le matin. Cuzco ! cria le muletier en étendant le bras vers la ville que des brouillards bleuâtres enveloppaient déjà. J’éperonnai ma mule, l’homme piqua la sienne, et bientôt nous galopâmes côte à côte dans le faubourg tortueux de la Recoleta, laissant à la troupe le soin de nous rejoindre.

Le guide, à qui je confessai mon ignorance de la localité, me conduisit au tambo[1] de San José, grand caravansérail situé près du couvent de Santa Catalina, me fit ouvrir sur-le-champ une espèce de casemate qu’il appelait une chambre, laquelle ne recevait d’air et de jour que par la porte, et m’assura que je serais très-convenablement logé pour cinq francs par jour. La nourriture, l’éclairage, le coucher, le ser-

  1. Le tampu des Incas était presque toujours une demeure fortifiée, dont il reste encore quelques échantillons dans le pays. Le tampu des modernes ou plutôt le tambo, comme on l’appelle par corruption, n’est plus qu’un lieu de halte, une espèce de caravansérail destiné aux commerçants nomades et aux muletiers.