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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/56

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cour un gnomon reposait sur son socle de pierre, et de quatre urnes en terre cuite s’élançaient, toutes fières de leur nouvelle condition, des touffes de Tragopogon, vulgairement appelé salsifis[1].

L’indien, traversant cette cour, nous conduisit dans un salon vitré placé au rez-de-chaussée, avança des siéges, et nous quitta sans avoir desserré les dents.

La pièce où nous nous trouvions, longue d’environ trente pieds, sur dix de large, entièrement vitrée du côté du soleil levant et tendue au couchant d’un papier bleu pervenche, ressemblait assez au local d’une serre chaude. Un canapé, des fauteuils et des chaises en bambou vernissé, composaient son ameublement. Deux statuettes coloriées de Manco-Capac, le divin empereur qui fonda Cuzco, et de sa sœur et épouse Mama-Ocllo, dues au ciseau naïf de quelque sculpteur du pays, se prélassaient dans des niches en bois doré, placées aux deux extrémités de la chambre ; l’intervalle était rempli par des portraits de Simon Bolivar, de Napoléon Ier, de sainte Rose, patronne de Lima, et de Mme Lafarge, dont la triste célébrité faisait en ce moment le tour du

  1. Cette estimable chicoracée, importée dans la Sierra du Pérou depuis une dizaine d’années, n’y est encore cultivée que comme fleur d’agrément. Ainsi que beaucoup de légumes d’Europe qui ne font que végéter sous ces froides latitudes, elle ne donne point de graines, et on la propage au moyen de ses rejets.