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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/57

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monde. Ces lithographies, encadrées de baguelttes noires, sentaient d’une lieue l’atelier de la rue Saint-Jacques.

Le chanoine parut comme je terminais ma revue du salon. C’était un petit homme d’environ soixante ans, couleur de brique cuite, le nez en bec d’aigle et la lèvre pendante, les yeux à schlérotique jaune, bridés par les coins et singulièrement obliques ; le front étroit, les pommettes saillantes, la barbe nulle, les cheveux collés sur les tempes, et bleus à force d’être noirs ; le type quechua dans toute sa pureté. Son costume consistait en une houppelande en drap café au lait, à plusieurs collets superposés, évidemment taillée sur le patron d’un carrick de 1815. Il avait des bas de filoselle, des souliers à larges boucles, et une casquette de loutre à visière de cuivre, qu’il ôta en nous apercevant.

Les nièces du chanoine, deux femmes de trente-cinq à quarante ans, entrèrent à sa suite. La ressemblance frappante de ces trois visages m’expliqua sur le champ les points suspensifs dont le préfet de Calca avait cru devoir orner son discours.

La robe de ces dames, d’une indienne rouge à losanges noirs, indiquait, par l’identité de la coupe et des agréments, une conformité touchante dans le caractère des deux sœurs. Un châle de laine, couleur pulpe de melon, dernier envoi de la mode espagnole, drapé comme un peplum autour de leur