Aller au contenu

Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

breuvage traditionnel, et passa le pot aux princesses, qui remplirent le leur. Don José, suivit l’exemple des princesses et je fis comme don José, malgré certaine répugnance dont je n’étais pas maître. Le pot, repris par le chanoine, continua son mouvement gyratoire, jusqu’à parfait épuisement de la liqueur qu’il contenait.

Le dîner s’acheva et nous passâmes de la salle à manger dans le salon bleu, où la vue de la guitare, suspendue à son clou, éveilla chez les princesses un désir de danse que Balcarcel se mit en mesure de satisfaire, en raclant con furore l’air connu de la Moza mola. Déjà la plus jeune des vierges avait rejeté son châle en arrière, cambré sa fine taille et déployé son mouchoir en me priant de lui servir de vis-à-vis, quand son oncle lui posa la main sur l’épaule.

« Manuelita, lui dit-il, danse avec ta sœur, j’ai besoin d’entretenir un moment le petit Francais[1]. »

Manuelita fit une charmante moue, qui exprimait clairement que cette substitution d’individu n’était pas de son goût, mais déjà sa sœur était en place, don José attaquait le glosa de l’air en question, et le dépit de la jeune altesse s’effaça devant le plaisir de partir du pied gauche.

  1. El Francesito, diminutif qui exprime l’affection et peut également exprimer le mépris.