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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/68

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des écrevisses cuites dans du lait, des pigeons farcis de menthe et de tranches de concombres, des cochons d’Inde couchés sur un lit de laitue, des crèmes au fenouil, des beignets saupoudrés de feuilles de rose et de paillettes d’or, des mets de toute sorte et de toute couleur, dont le dénombrement eût fatigué le vieil Homère.

Ce repas somptueux fut arrosé de vin doux, de vin âpre et de tafia anisé, servi tour à tour et après chaque service, toujours selon la coutume ando-péruvienne. Comme on venait de placer sur la table un immense pastelillo jonché de ces merises noires appelées capulis, Sahuaraura héla l’Indien qui servait à lui seul d’écuyer tranchant, de maître d’hôtel et d’échanson, et lui dit un mot à l’oreille. L’homme alla prendre sur une étagère une amphore en faïence remplie d’un liquide quelconque, couronné d’une écume épaisse, et la plaça devant le chanoine.

« C’était la boisson de mes ancêtres, me dit ce dernier ; l’acca, que nous nommons aujourd’hui chicha ; aux seules vierges du Soleil appartenait l’honneur de broyer le maïs sacré et de préparer par la cuisson cette liqueur que l’empereur et les grands de sa cour buvaient dans des coupes d’or. »

En achevant, le fils du Soleil emplit son verre du


    est un fœtus de quatre à six mois, encore à l’état glaireux. Les marchés sont abondamment pourvus de ce mets étrange, dont le seul aspect donne des nausées à l’Européen.