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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/71

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Symphorose avait refusé d’achever l’histoire de mon infortuné parent que vous désiriez connaître en entier.

— J’avoue que j’y tenais infiniment.

— Eh bien, mettez-vous à cette table : vous y trouverez tout ce qu’il faut pour écrire. Je vais vous prêter une relation manuscrite des derniers moments de Tupac-Amaru, et, pendant que vous en prendrez un extrait, moi je dirai mon chapelet. »

J’obéis, et, quand je me fus installé devant la table, le chanoine me remit un petit cahier de papier jauni, que j’ouvris bien vite à la première page.

Tout d’abord je crus que Sahuaraura, se trompant de cahier, m’avait donné à déchiffrer quelque fragment du Zerdauchst ou du Zend-Avesta, tant l’écriture que j’avais sous les yeux offrait des formes inusitées. En y regardant de plus près, je reconnus la méthode calligraphique en usage dans la Biscaye et le Vascongado du dix-huitième siècle, c’est-à-dire le plus épouvantable amalgame de lettres grecques, de notes de musique et de paraphes fantastiques qu’il soit donné à l’imagination de concevoir et à la main d’exécuter. Ceux à qui le hasard a permis de voir un acte minuté dans quelque escribania d’Aspeyta ou d’Elizondo, comprendront facilement le martyre que me causa cette lecture, martyre que je ne puis comparer qu’à celui de Champollion le