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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/72

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jeune, épelant pour la première fois les Tau, les Ibis et les Anubis des Pylônes égyptiens.

Onze pages du manuscrit traitaient de l’interrogatoire du cacique. Les noms des juges, ceux des témoins, l’âge, les qualités et jusqu’aux relations de famille de ces derniers, y étaient relatés dans une phraséologie pompeuse, entremêlée d’invocations à Jésus et à la Vierge. De ce fatras indigeste, j’arrivai enfin au passage intéressant de l’œuvre, à la sentence prononcée contre Tupac-Amaru. Ce morceau de littérature judiciaire était ainsi conçu :

« Comme il ressort clairement de l’instruction du procès que Joseph-Gabriel Tupac-Amaru a profité de la stupidité bien avérée des Indiens et de leur dévouement à la race des Incas, pour les pousser au meurtre, au pillage, à l’incendie, à la rébellion contre le roi d’Espagne, à la violation des églises et à la profanation des saints mystères, ledit Tupac-Amaru, se disant Inca, sera traîné par les cheveux, de sa prison jusqu’au lieu de son supplice, auquel assisteront sa famille et ses complices.

« À l’endroit désigné pour l’exécution, le bourreau arrachera la langue du révolté avec des tenailles rougies[1], après quoi les membres d’icelui, attachés à la croupe de quatre poulains indomptés[2],

  1. Hecha ascua, à l’état de braise, dit le texte.
  2. Potres indomitos.