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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/96

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loin, des candélaris épineux, qui lèvent vers le ciel leurs bras poudreux et décharnés comme pour implorer de sa miséricorde quelques gouttes de pluie à défaut de rosée. Entre cette muraille et les maisons du pueblo, au milieu de maigres terrains, où les pierres semblent pousser concurremment avec le trèfle et les pommes de terre, passe la rivière ou plutôt le torrent Tambo, dont le bruit, l’écume et le mouvement égayeraient quelque peu cet aride paysage, si les avantages qui résultent de la présence de ce cours d’eau n’étaient désagréablement contrebalancés par les dégâts qu’il occasionne à l’époque de la fonte des neiges dans la Sierra. Sortant alors du lit que lui a creusé la nature, son premier soin, en s’épandant aux environs, est de submerger les récoltes, d’abattre les maisons et d’entraîner les animaux, au grand émoi des propriétaires. Il faut, du reste, rendre à ces derniers une justice : depuis trois siècles que le même fait se reproduit au moins une fois chaque année, l’idée ne leur est pas encore venue qu’en reculant d’une centaine de toises leur village si souvent submergé, ils seraient pour toujours à l’abri des inondations.

Une particularité non moins remarquable que la laideur du site que je viens de décrire, c’est l’orientation des maisons du pueblo, dont toutes les ouvertures, quelles qu’elles soient, portes, fenêtres, œils de bœuf ou chattières, au lieu d’être percées à l’est,