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REPRÉSENTATION GRAPHIQUE DES PHÉNOMÈNES.

Grandeurs scalaires.

Si l’on se reporte à la figure 1, on remarquera qu’elle présente pour chaque colonne deux indications distinctes : celle du tonnage des navires à voiles et celle du tonnage des navires à vapeur. Il y a donc dans ce genre de tableaux un double élément de comparaison, chaque colonne exprimant non-seulement un nombre absolu, mais l’importance relative des valeurs qui le constituent. Dans certaines circonstances, ce mode d’expression a été utilisé avec grand avantage. Ainsi, dans la statistique médicale sur la mortalité à différents âges, on peut subdiviser chaque colonne exprimant la mortalité totale en une série d’assises dont chacune exprime par sa hauteur le nombre de morts dues à une certaine maladie ; de sorte que le chiffre total de la mortalité se trouve décomposé en une série de nombres correspondant chacun à une mortalité spéciale, celle qu’entraînent, par exemple, la phthisie, la variole, l’apoplexie, etc. Les compagnies d’assurances, devançant en cela les traités spéciaux de médecine, publient sur ce sujet d’intéressants tableaux qui permettent de comparer la proportion de décès qui correspond à chaque maladie dans la mortalité totale d’un pays. Ailleurs elles représentent par des tableaux du même genre le nombre de décès que chaque maladie entraîne à différents âges[1]. L’impression polychrome facilite beaucoup l’intelligence de ces tableaux, dont nous regrettons de ne pouvoir reproduire un type.

Le temps lui-même est soumis à ce genre d’expression. S’il est vrai, comme disent les empiriques, que le temps n’ait pas d’existence absolue, du moins il se manifeste à notre esprit par les phénomènes qu’il contient ; c’est ainsi qu’on le mesure par le nombre des retours successifs d’actes semblables entre eux : révolutions apparentes des astres, écoulements d’un sablier, oscillations d’un pendule, etc. Devenues nombres, les durées s’expriment en lignes et se comparent aisément les unes aux autres sous forme de longueurs. Il y a même certains phénomènes qui traduisent directement, sous forme de longueurs, les temps plus

  1. On peut citer comme type de tableaux statistiques ceux que publie la Compagnie d’assurances sur la vie, de New-York : « Mortuary experience of the mutual Life, 1843 to 1874. »