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ÉCLAIRCIES

préfère d’ailleurs l’eau de mer, malgré les protestations de M… fils. Nous nous mettons hors de la vue de ces gens, puisque mon bain est défendu par l’Islam. Le sable est tellement chaud qu’on n’y pose les pieds sans se brûler atrocement, et je cours me tremper dans ce divin péché.

À deux cents mètres, la raie énorme que font les vagues en se brisant sur les bancs de coraux crée une lagune naturelle entre les récifs et la plage. Cela délimite la piscine où nous sommes à l’abri des requins.

L’eau est d’une transparence merveilleuse. Bientôt le tapis multicolore du fond n’a plus de secret pour nous. Nous jouons avec les éponges que nous rencontrons. Nous faisons une course de vitesse sur d’énormes coquillages nacrés, ce qui nous fait ressembler à quelque figurant d’une revue du Casino de Paris. Nous terminons cet après-midi de vacances par un interminable bain de soleil. Puis la redoutable marche recommence en sens inverse, les mêmes mirages reviennent, la réverbération est si forte que l’on voit les ondulations aériennes de l’atmosphère brûlante. Nous retrouvons enfin la voiture toujours sans chauffeur. Nous nous asseyons sur les coussins, résignés. Au bout d’une heure, nous apercevons cependant, à l’horizon, une automobile dans un nuage de sable jaune. Est-ce un mirage, ou une réalité ? La vision se précise et c’est une voiture chargée de Bédouins parmi lesquels se trouve notre chauffeur.



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