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VIE EN PRISON

coucher dans des draps de coton, que je ne pourrais pas dormir, je ne m’aperçois pas, ce soir, que ces draps sont neufs comme du carton ciré.

Mais j’ai été réveillée vers deux ou trois heures du matin par les préparatifs d’une armée de policiers se rendant à la rencontre du roi, dont l’arrivée est prévue pour ce matin. À l’aube, des coups de canon souhaitent la bienvenue à Sa Majesté, tandis que j’aperçois le drapeau vert nedjien contre mes barreaux. Toutes les légations ont également hissé leur grand drapeau. Ces taches de couleur égayent ma vue et je les contemple longuement.

La journée est terne, j’ourle des mouchoirs et ne pense plus qu’à la visite du consul, annoncée pour le lendemain. Tout le temps de ma captivité, ce sera mon seul rayon de soleil Un beau serviteur noir m’apporte chaque jour ma nourriture. Mes essais pour garder quoi que ce soit, pour le soir ou pour le lendemain, sont infructueux. Les bêtes ont l’air d’avoir disparu, mais la moindre victuaille en attire des myriades. Mon gardien Naser a l’heureuse initiative de tendre d’un bout à l’autre de ma chambre une corde attachée au mur par des clous. Sur la corde nous accrochons deux petits paniers en osier où je mets mon pain, mon sucre, mon lait, etc… Je suis sauvée, je recouvre chaque panier d’un papier pour éviter la chute des insectes volants et je me trouve dans un état relatif de propreté.

Je veux régler ma corde, comme toutes mes autres petites choses, jusqu’à présent, et même mon eau pour me laver. Mais on me fait répondre généreusement que le Gouvernement m’offre cela, par la suite l’eau me fut donnée… Les remèdes aussi, le docteur Akram dit que le ministère de l’Hygiène me fait ce cadeau…