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LE MARI PASSEPORT

se fait en Égypte, de l’estomac, du suc gastrique et des viscères de Soleiman. Il arrive encore assez souvent des bateaux à Djeddah, mais ce sont des vapeurs hindous, russes, etc. Je guette donc uniquement ceux de Suez. Ils seront peut-être libérateurs.

15 mai. — Tout le bâtiment de la police est pavoisé pour l’arrivée de Séoudi, le fils aîné du roi.

Visite encore du consulat, qui ne m’apporte aucune nouvelle. Je fais demander par Hamdi bey la permission de respirer un peu l’air sur le balcon à la nuit tombée. L’autorisation est accordée, mais, le soir, lorsque je veux user de mes nouveaux droits, Jaber Effendi s’y oppose sous prétexte qu’il doit consulter le Moudir Cherta. Pendant trois jours, je réclame tous les soirs, jusqu’au refus formel. J’aurais voulu diminuer la longueur des nuits, elles sont éternelles, il fait noir à 7 heures, et échapper un peu aux odeurs fétides et malsaines qui m’étoufferont durant toute ma captivité.

Mon « chaouich » m’explique que sur le balcon on pourrait me voir, or il n’est pas convenable d’exposer une femme dans un lieu non clos, alors que tout le bâtiment ne contient que des hommes. Leurs préjugés ont la vie dure.

20 mai. — Je suis très abattue à nouveau, à bout de résistance, je redemande le docteur Akram qui malgré son aspect terrible m’est sympathique. Il a toujours des paroles encourageantes. J’annonce une nouvelle douleur dans une partie quelconque de mon corps. En réalité, j’ai aperçu des bateaux. Je crois qu’ils viennent de Suez. J’espère toujours une bonne nouvelle et je questionne le plus possible mes rares visiteurs. Il fait une chaleur terrible, tout le monde s’en plaint, un garde a le vertige. Il tombe raide sur les prisonniers au moment où je rentre. Par