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CE N’EST PAS LA FIN

festations contre moi, elles seraient provoquées par les sous-ordres du Haut-Commissariat. Si même j’étais assassinée, ce serait à leur instigation et je sais qui…

Toutefois, ma situation se complique du fait que le souverain nedjien fait à son tour répondre chaque jour au sujet de mon passeport : demain, « bokra, bokra ».

Enfin, au bout de huit jours, le ministre des Affaires étrangères d’Ibn Séoud arrive, porteur de cette fâcheuse et finale réponse :

— La femme Zeïnab nous a causé assez de soucis, qu’elle parte donc. Mais nous ne voulons pas lui donner de passeport nedjien.

Alors, que faire ? Rien d’autre désormais que de faire viser mon vieux passeport pour la France.

Le prochain courrier quitte Djeddah demain. Hélas ! on diffère encore mon départ, sous prétexte que le Grand Tortionnaire de La Mecque va s’embarquer demain pour Suez. On redoute de me mettre en contact avec ce bourreau qui, en somme, regrette amèrement de n’avoir pas eu le plaisir de me supplicier. Il paraît qu’il a dans ce domaine des trouvailles de génie.

Cependant les soirées de bridge et de poker continuent au consulat. Il fait une chaleur accablante. On s’éponge le front avec un mouchoir toujours humide. De l’autre main on voudrait s’éventer. Et les verres de whisky que nous sert notre hôte sont vraiment bien accueillis.

Il y a une facétie en train de devenir classique. On offre aux gens fatigués un « cachet de Kalmine ». Et de rire… Mais la Kalmine elle-même fait désormais une peur bleue.

On décide, pour finir, que, dans huit jours, je prendrai le paquebot.