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Page:Marga Andurain - Le Mari passeport, 1947.djvu/265

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CONCLUSION

nationalité française, ce que tous les avocats sont unanimes à trouver illégal. D’après la loi, il y a deux manières de perdre sa nationalité de Française. La première, en y renonçant par une pièce officielle au moment du mariage avec un étranger, pièce qui n’existe pas, puisque je n’ai rien signé de ce genre. L’autre, par une élection de domicile à l’étranger avec son mari : je n’ai habité, depuis mon mariage avec Soleiman, que le harem où j’étais séquestrée, et la prison où j’étais condamnée à mort. Or les Affaires étrangères ont l’impudence de considérer ce séjour comme une élection de domicile. Il est étonnant qu’elles n’ajoutent pas que je l’ai choisi avec joie.

Actuellement, je me trouve donc prisonnière à Paris, sans nationalité puisque le roi n’a pas voulu me donner de papiers nedjiens et que le Gouvernement français me refuse toutes pièces officielles telles que passeport certificat de domicile, etc.

Mon notaire, Me Champetier de Ribes, s’est même refusé à légaliser mon nom de jeune fille dont une femme a toujours le droit de se servir.

J’attends depuis un an du ministre des Finances de Damas le paiement d’une rente que le Gouvernement fait aux Bédouins et qui, par suite d’un jugement, est réversible sur ma tête, pour me rembourser des sommes que j’avais prêtées au cheik Naouf, de la tribu des Hadidins. Le ministre des Finances demandait un certificat prouvant que j’étais bien en vie, puisque les journaux avaient annoncé ma mort.

Les Affaires étrangères et l’Office de Syrie, consultés, m’ont refusé un certificat de domicile sous prétexte que cela n’était pas de leur ressort

Suis-Je condamnée à vivre toute ma vie comme une hors la loi ? et pourquoi ?