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ESPIONNAGE

va sans dire que ces rapports répondirent aux désirs du colonel, ils continrent précisément le genre de documentation que nos mouchards crurent de nature à lui plaire. On connaît la mentalité des agents subalternes de la Sûreté, et quant à Ripert, durant cinq années de Syrie, je n’ai jamais rencontré d’officiers qui ne le méprisassent pas. Il fut d’ailleurs mêlé à des procès retentissants où il avoua avoir commis des faux. Voila la qualité de mes ennemis.

Le colonel fut donc servi abondamment et transmit à Beyrouth les ragots de ses brillants informateurs en leur donnant le poids de son autorité. Pour conclure, il demandait mon expulsion.

Le rapport fut transmis au colonel (depuis général) Catroux. Comme il ne manque jamais en ces affaires un élément cocasse, le colonel Catroux recevait, par le même courrier, un mot du maréchal Lyautey qui nous recommandait à lui…

On se demandera ce que contenaient ces fameux rapports. Je voudrais pouvoir le dire, mais toutes mes instances n’aboutirent jamais à me les faire communiquer, ni à Paris ni à Beyrouth. J’obtins seulement du contrôleur général Péria les détails suivants : on me reprochait les relations que j’avais eues au Caire avec les princes Lotfallah, dont on connaît le rôle dans la politique syrienne ; la propagande antifrançaise que j’aurais faite à Bagdad ; mes relations avec la baronne Brault, agent officieux de l’Intelligence Service, dont la compagnie était encore plus compromettante, disait mon pauvre cousin, que ne l’eût été celle de la fameuse Gertrude Bell. En outre, comment expliquer que mon mari et moi, bien que nous eussions au Caire un commerce, y fussions membres du Sporting-Club ?