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LE MARI PASSEPORT

N’était-ce pas l’indice de mes relations occultes avec l’Intelligence Service ?

On jugera probablement superflu que je réponde à ces deux derniers griefs. Pour ce qui est de ma propagande à Bagdad, il me suffira de dire que, même aujourd’hui, je n’ai jamais mis les pieds dans cette ville, ni dans une autre en Irak. Quant à mes relations avec les Lotfallah, j’avais été liée par mes affaires, puis par une vraie sympathie, à la princesse Michel, qui avait aidé mes débuts au Caire et que je trouvais charmante. Mais dès qu’il s’agit de questions politiques, ma conduite fut toute différente. C’est moi, notamment, qui, invitée à déjeuner au Caire par le duc d’Orléans, le dissuadai de voir les frères Lotfallah, qui, par trois fois, téléphonèrent au cours du repas pour obtenir sa présence à leurs chasses ou à leurs réceptions. Le duc, à la suite de ce que je lui dis, annula une audience qu’il leur avait accordée, déclarant avec force qu’il n’admettait pas de voir un ennemi de la France.

Le docteur Récamier fut un peu ennuyé, sur le moment, de décommander cette audience. Ce fut le dernier voyage du prince qui mourait vingt jours après à Palerme et voici, pour confirmer mes dires, des extraits des lettres que mon mari reçut du docteur Récamier, médecin du prince :

1, rue du Regard, 23 Mai 1926.
Cher Monsieur,

Vous êtes certainement les derniers Français que Monseigneur a reçus à sa table et peut-être les derniers avec lesquels le Prince a causé en dehors de ses serviteurs.

Certes, j’étais préoccupé à l’époque de notre passage au Caire, car je voyais le Prince triste et fati-