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LE MARI PASSEPORT

départ. Il insista et m’expliqua alors que le colonel venait de faire perquisitionner chez lui. Le service archéologique de Beyrouth avait, disait-il, déposé une plainte contre le pauvre garçon en recel d’armes et d’antiquités. Et il devait se tenir à la disposition de la justice, en l’espèce le colonel, à qui la plainte aurait été transmise par le moudir.

Je devine une manigance du petit colonel pour m’empêcher de partir, car j’avais eu la sottise de lui confier mes projets. Je l’avais fait, au surplus, pour tranquilliser Soleiman qui redoutait les militaires. Je demande donc à mon mari de m’accompagner chez le colonel. Cette démarche l’ennuie fort, mais il cède à mon désir. Nous partons. Malgré l’heure tardive, le sourire aux lèvres et en pyjama, le petit homme de lettres nous reçoit volontiers. Il est fin et diplomate. Nous buvons le champagne traditionnel chez lui. Et j’attaque immédiatement mon sujet.

— Pourquoi, dis-je, cette mesure ridicule contre Soleiman ? Vous savez bien que cette plainte de la direction des antiquités n’est pas fondée.

Il prétend qu’il possède la lettre de plainte et qu’il doit lui donner suite.

J’insiste :

— La plainte est du chef de service ? De Seyrig ?

— Certainement.

Je triomphe sans modestie :

— Comme cela se trouve, colonel, le directeur du service des antiquités est justement à Palmyre, je vais lui demander de venir vous voir d’urgence, tout s’arrangera.

Le colonel ne bronche pas :

— Certainement, madame, je serai ravi de le voir.

Je me lève et me dirige vers la porte. Mais le colonel chuchote dans l’oreille de mon mari et, lors-