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PREMIERS OBSTACLES

que nous sommes sortis, Pierre me confirme ce que je pensais :

— Naturellement, il m’a demandé de ne pas lui envoyer le directeur des antiquités. La plainte est une blague ; ce qu’il veut, c’est simplement te voir renoncer à ton voyage.

Mais il faudrait bien autre chose pour modifier mes décisions. Je donne rendez-vous à Soleiman pour l’aurore, le lendemain. Il devra être sur la place de l’ancien village de Palmyre. Et à tous ceux que je rencontre, ou vois, je dis que je pars pour la France. Au petit matin, tous mes amis arabes viennent me saluer. Sauf Ahmed et Ali, personne ne se doute de ma vraie destination. On me souhaite bon voyage, l’auto démarre et se dirige vers le village où Soleiman m’attend en se promenant sur la place pour ne pas se faire remarquer.

Je suis un peu anxieuse de cet enlèvement à la barbe du colonel et j’ai raison, car au moment où j’arrive sur la place une voiture de la police se met en travers de la mienne. Nous nous arrêtons.

Le brigadier descend et me demande :

— Où vas-tu ?

Je réponds, furieuse :

— Ça ne te regarde pas.

Mais mon chauffeur arabe, malheureusement, fait du zèle. Il a déjà dit :

— Nous allons à Damas.

Le brigadier m’offre de m’escorter jusqu’à Aïn Beïda, premier puits sur la route de Palmyre à Damas.

Je réponds sans aménité :

— Je n’ai point besoin de toi. J’ai fait cette route cent fois seule. Pourquoi me faire accompagner aujourd’hui ?