de drogman, qui croit deviner le ménage à exploiter. Mon « mari-passeport », flatté de la considération qu’étale l’autre, se confond en salamalecs. Je voudrais expédier ce fâcheux. Mais il est trop tard. Soleiman lui a déjà demandé de nous conduire dans un bon hôtel. Sans nul doute, ce racoleur nocturne va nous mener dans un bouge, mais il se trouve heureusement, en tout cas, que ledit hôtel est devant la gare. Il se nomme l’hôtel Abassiade, et sa façade peinturlurée séduit Soleiman. Nous demandons au vieux Turc, gardien de nuit, qui s’étire en soufflant, une chambre à deux lits. Le poussah nous demande un prix fabuleux pour deux couchettes de fer, avec un seul drap et une couverture de laine rouge rugueuse comme une couverture de cheval. Nous nous arrangerons demain avec le patron ; pour l’heure, nous ne désirons que le sommeil.
Ni meuble ni table, dans notre logis, à terre une gargoulette d’eau, car les Arabes boivent n’importe quoi, n’importe quand et ils ont toujours soif. Soleiman se satisfait, disons qu’il m’a d’abord offert gentiment le goulot, il le fait rituellement et je refuse toujours. Impossible de bien se laver en pareil gîte, il faut aller au hammam, petite pièce cimentée, munie d’un réservoir pour ablutions. Pour nous Européens, sans baignoire et sans cuvette, le lavage est ainsi impossible. Mais les Arabes, entraînés à cette sorte de sport, s’en tirent beaucoup mieux. Nous nous couchons sans un mot. Soleiman s’endort comme une masse.
Le lendemain, dès l’ouverture des bureaux, je suis à la Compagnie de navigation, où un employé m’annonce que les renseignements donnés à Jérusalem sont erronés. Pas de bateau aujourd’hui 29. Le courrier le plus proche partira le 3 ou le 4. C’est un cargo qui sera à Djedda le 9 à l’aube. Ce qui nous