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Page:Margeret - Estat de l'empire de Russie.pdf/114

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Prince qui aymoit l’honneur, et l’auoit en recommandation. Il estoit ambitieux, ses desseins estoient de se faire cognoistre à la posterité, et estoit deliberé ayant ia donné commandement à son secretaire de se preparer au mois d’Aoust dernier mil six cens six, pour partir auec les nauires Angloises, pour venir en France congratuler le Roy tres-Chrestien, et auoir correspondance auec luy, duquel il m’a parlé plusieurs fois auec grande reuerence. Enfin la Chrestienté a perdu beaucoup en sa mort, si ainsi est qu’elle le soit, comme il est fort vraysemblable, mais ie parle en cette façon, d’autant que ie ne l’ay veu mort de mes yeux, à cause que j’estois pour lors malade.

Quelques iours apres ce meurtre, commença à courir le bruict que Demetrius n’auoit esté tué, mais vn qui luy ressembloit, lequel il auoit mis en sa place, apres qu’il fut aduerty quelques heures auant le iour de ce qui se deuoit passer, et sortit hors de Mosco, pour veoir ce qui en aduiendroit, non tant (ie iuge si ainsi est) pour aucune crainte qu’il eust, veu qu’il y pouuoit remedier autrement, que pour recognoistre ceux qui luy estoient fidelles, à quoy il n’eust peu pourueoir autrement, ayant choisi la voye la plus dangereuse. Ce qui se pouuoit attribuer au peu de soupçon qu’il auroit eu de la fidelité de ses subiects. Ce bruict continua iusques à mon depart de Russie, qui fut le quatorziesme iour de Septembre mil six cens six, à la verité ie pensois que ce fut vne menée de quelque nouuelle faction pour rendre Vacilei Iuanneuits Choutsqui, chef de la conspiration, et à pre-