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Page:Margeret - Estat de l'empire de Russie.pdf/127

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Quant aux autres obiections, qu’il ne parloit vray Russe, ie responds que ie l’ay ouy parler peu de temps apres son arriuée en Russie, et trouue qu’il parloit aussi bon Russe que faire se pouuoit, sinon que pour orner le langage, il y mesloit par fois quelque phrase Polonnoise. Mesme i’ay veu des lettres qu’il dicta pour diuers subiects auant qu’il fust reçeu en Mosco, lesquelles estoient si bien, que nul Russe n’y pouuoit trouuer que redire : et quand bien il se seroit trouué quelque deffaut à la prononciation de quelque parolle, cela n’est suffisant tesmoignage pour le reprouuer, veu sa longue absence du païs, et en si bas aage.

À ce qu’on allegue qu’il se mocquoit des façons de faire des Russes, et qu’il n’obseruoit leur Religion que par forme, il ne s’en faut esmerueiller. Principallement si l’on considere leurs mœurs et manieres de viure, car ils sont rudes et grossiers, sans aucune ciuilité, et est vne nation faulse, sans foy, sans loy, sans conscience, sodomites, et entachez d’infinis autres vices et brutalitez. Veu que Boris Federuits duquel nul ne doubtera, haissoit non tant eux que leurs vices, et y a apporté ce tant peu de reformation qu’il y a. Comment donc Demetrius, lequel sçauoit en partie que c’est que du monde, nourry quelque espace de temps en Pologne, qui est vn païs libre, et entre les grands, pouuoit-il faire moins que de desirer quelque reformation et ciuilité parmy ses subiects.

L’on adiouste qu’il n’obseruoit leur religion, aussi ne font plusieurs Russes que ie cognois,