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Page:Margeret - Estat de l'empire de Russie.pdf/58

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des manches larges de plus d’vne aulne de Paris, sur le deuant les manches sont de quelque drap d’or d’vn tiers d’aulne de longueur, vn bonnet sur la teste en broderie de perles, si elle est femme : mais si c’est vne fille, elle porte vn haut bonnet de regnard noir, comme les Nobles font lors que l’on donne audiance à vn Ambassadeur : si c’est vne femme qui n’ait eu aucuns enfans, elle peut porter mesme bonnet qu’vne fille : puis elles portent toutes vn colier de perles de quatre bons doigts de largeur, et des pendants d’oreilles qui sont fort longs, chaussées de bottes de marroquin rouge et iaune, le talon de trois doigts de haut, ferré comme les bottes des Polonois ou Hongres, elles se fardent toutes, mais fort grossierement, et tiennent que c’est vne honte de ne se farder soit vieille ou ieune, riche, ou pauure. Elles sont tenuës de fort pres, et ont leurs logis separé de celuy de leurs maris. L’on ne les voit iamais, car c’est la plus grande faueur qu’ils font l’vn à l’autre de se montrer leurs femmes, si ce n’est aux proches parens. Mesme si quelqu’vn se veut marier, il faut parler aux parens de la fille, lequel, s’il est content d’entrer en alliance avec luy, depute vn de ses plus fideles parents ou amis, pour aller voir ladite fille, et luy en fait son rapport, et sur ce rapport contractent mariage, et qui se desdit paye vne somme d’argent accordée entr’eux. Apres ce contract, il peut aller veoir son espouse. Le iour du mariage, elle est menée à l’Eglise, ayant vn voile sur la face, comme fist Rebeca, lors qu’elle fut aduertie que c’estoit Isaac, qu’elle