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Page:Margeret - Estat de l'empire de Russie.pdf/93

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morts en la ville de Mosco, est que l’Empereur Boris faisoit tous les iours donner aumosne à autant de pauures qu’il s’en trouuoit, à chacun vn Moscof, qui est quelque sept deniers tournois, tellement qu’vn chacun entendant la liberalité de l’Empereur y accourut, combien qu’aucuns d’entr’eux eussent encores de quoy viure : arriuez qu’ils estoient en Mosco, ne pouuoient viure, pour lesdits sept deniers, bien qu’és principalles festes et Dimanches ils eussent vn denin qui est le double et ainsi tombans en plus grande foiblesse qu’ils n’estoient, mouroient en ladite ville, ou sur les chemins s’en retournans : finalement Boris aduerty comme ils accouroient tous en la ville de Mosco, et que le païs commençoit petit à petit à se depeupler pour venir mourir en Mosco, ne leur fit plus rien donner. Lors l’on les trouuoit morts et demy-morts par les chemins du froid et faim qu’ils enduroient : qui estoit vn estrange spectacle : la somme que l’Empereur Boris desboursa pour les pauures est incroyable, n’y ayant ville en toute la Russie, outre la despence qui se faisoit en Mosco, ausquelles il n’enuoyast plus ou moins pour la nourriture desdits pauures : ie sçay qu’il enuoya à Shmolensqui par vn de ma connoissance vingt mille roubles : il auoit cela de bon qu’il faisoit ordinairement de grandes aumosnes, et beaucoup de bien aux Ecclesiastiques, lesquels aussi estoient tous pour luy : cette famine a grandement diminué les forces de Russie et le reuenu de l’Empereur.

L’an mil six cens deux, au commencement