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Page:Marguerite de France - Memoires et Lettres.djvu/17

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D’abord, en ce qui concerne l’auteur dont je publie les œuvres, je me sens à son égard cette prédilection d’éditeur qui va trop souvent jusqu’à la faiblesse pour jamais souffrir l’injustice : je conçois qu’on puisse raisonnablement douter de sa vertu ; je ne comprendrais pas qu’on mît en question son esprit et son mérite littéraire, et, heureusement pour Marguerite et pour moi, je ne suis pas le seul de mon avis. Il y a ici l’autorité de la chose jugée ; il y a des témoignages bien autrement graves et bien moins suspects que celui de Brantôme, et entre autres ces paroles d’un prince de l’Église : « Margherita era donna di spirto grande, ed in suo libre di memorie, distese con fioritissimo stilo, ch’ uscì dopo las ua morte in istampa, viene raccontato da lei medesima a pieno il successo di quel ch’ ella trattò in Fiandra a favordel fratello. » C’est ainsi que s’exprime le cardinal Bentivoglio dans son Histoire des guerres de Flandres, et les plus violents détracteurs de Marguerite ne l’ont jamais contredit sur ce point. Il est permis assurément de ne pas découvrir dans les écrits de cette belle Reine un intérêt aussi attachant que Pellisson, qui dit avoir lu ses Mémoires deux fois d’un bout à l’autre en une seule nuit[1] ; mais, pendant le jour, et sans nuire à son sommeil, on y trouvera, j’imagine, plus d’un genre de mérite et d’attrait, pour peu que l’on s’intéresse à l’histoire de la politique, de la littérature et des mœurs du xvie siècle.

  1. Hist. de l’Acad. franç, p. 308. Paris, 1672, in-12.