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Page:Marguerite de France - Memoires et Lettres.djvu/25

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de révoquer en doute leur assertion, au moins en ce qui concerne la pureté du texte. La bonne édition de J. Godefroy renferme un certain nombre de fautes, qui ne sont pas dans les mauvaises. Mais en admettant même, ce que je nie, la supériorité relative de l’édition de J. Godefroy, j’ose affirmer que, absolument parlant, elle est détestable. Elle fourmille de fautes qui altèrent plus ou moins le sens, mais qui, dans tous les cas, détruisent la physionomie du style, et par conséquent enlèvent aux Mémoires une partie de leur principal mérite. Parmi les plus grosses et les plus plaisantes, je noterai les deux suivantes :

En 1578, Henri III, irrité contre le duc d’Alençon, qu’il soupçonnait de conspirer contre lui, alla le réveiller brusquement au milieu de la nuit, pour faire une perquisition dans sa chambre ; mais auparavant, dit Marguerite, « le Roy soudain, prenant sa robe de nuict, s’en alla trouver la Royne ma mère[1] ». Au lieu de cette leçon, on trouve dans l’édition de J. Godefroy : « Le Roy prenant la parole de nuict[2]. » Ailleurs, Marguerite raconte comment, pour faire évader par une fenêtre son frère d’Alençon, elle se procura un câble, qu’on lui apporta dans une malle de luth[3]. Au lieu de ces mots on lit dans

  1. Voyez plus loin , p. 136.
  2. Édit. de Godefroy, p. 163.
  3. Voyez plus loin, p. 150.