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Page:Marguerite de France - Memoires et Lettres.djvu/30

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Aux Mémoires et aux Lettres mon dessein avait été d’abord de joindre, s’il se pouvait, un opuscule intitulé : la Ruelle mal assortie. Tallemant des Réaux a dit quelques mots de Marguerite dans ses Historiettes[1], et, à propos de son talent littéraire, il fait mention de cet opuscule dont il lui attribue la composition. Rien n’indiquant qu’il eût été publié, comme l’ont remarqué les éditeurs de Tallemant, je devais le rechercher dans les collections manuscrites. J’appris d’abord qu’un amateur parisien en possédait une copie, mais ce fut sans résultat. S’il eût été question d’une simple communication, j’aurais eu quelques chances d’arriver jusqu’au précieux monument ; mais il s’agissait d’impression, de publication ; il s’agissait de tirer à 700 exemplaires un manuscrit peut-être unique : le succès était impossible. L’invention de Gutenberg, après avoir fait jadis le désespoir des scribes et des enlumineurs, cause encore aujourd’hui un mortel effroi à une classe intéressante de la société, celle des collecteurs, des propriétaires de manuscrits rares ou uniques. Et de fait, quand on pense au dommage qu’une presse peut causer en un jour à une collection d’amateur, on ne saurait se défendre d’un sentiment de compassion tout particulier.

Le propriétaire de la Ruelle mal assortie refusa net de laisser imprimer son manuscrit, d’où

  1. T. ii, p. 87 de l’éd. in-8o.