je conclus, un peu vite peut-être, qu’il était des plus curieux. Mon devoir d’éditeur était de me mettre en quête avec une nouvelle ardeur, pour en trouver un autre exemplaire. C’est à Rouen qu’il se cachait, dans les manuscrits achetés par la ville au savant M. Leber. C’est de Rouen que j’en ai reçu une copie, laquelle m’a appris que M. Leber avait extrait la sienne d’un portefeuille de la Bibliothèque du Roi (fonds Fontanieu, t. lxxxix, p. 39).
La Ruelle mal assortie est un dialogue d’amour entre Marguerite de Valois et sa bête de somme, dialogue piquant où Marguerite, après avoir vanté en style précieux les jouissances idéales de l’amour platonique, sans pouvoir convaincre son interlocuteur, finit en désespoir de cause, par faire très-bon marché de ses théories. La conclusion de ce petit-écrit, vive et tant soit peu leste, aurait peut-être effarouché quelques lecteurs, mais surtout quelques lectrices. De là des scrupules ; puis des doutes peuvent s’élever sur l’authenticité de l’ouvrage, bien qu’il y ait quelques raisons pour y croire. C’était le cas d’appliquer l’adage : dans le doute, abstiens-toi, et c’est le parti que j’ai pris, sans renoncer toutefois à publier à part cette espèce de confession de la reine Marguerite, ou, si mieux on l’aime, ce spirituel pamphlet de quelque amoureux éconduit.
Par ce qui précède, le lecteur a pu voir que