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Page:Marguerite de France - Memoires et Lettres.djvu/35

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DE MARGUERITE DE VALOIS.

(qui est subject d’estre fait par des personnes mal informées ou mal affectées, qui ne peuvent representer le vray, ou par ignorance ou par malice), j’estime que vous recepvrez plaisir d’en avoir les Memoires de qui le peut mieux sçavoir, et de qui a plus d’interest à la verité de la description de ce subject. J’y ay aussi esté conviée par cinq ou six remarques que j’ay faites en vostre discours, où il y a de l’erreur, qui sont lors que vous parlez de Pau et de mon voiage de France ; quand vous parlez de feu monsieur le mareschal de Biron[1] ; quand vous parlez d’Agen, et aussi de la sortie de ce lieu[2] du marquis de Canillac[3].

Je traceray mes memoires, à qui je ne donneray plus glorieux nom, bien qu’ils meritassent celuy d’histoire, pour la verité qui y est contenue nuement et sans ornement aucun, ne m’en estimant pas capable, et n’en ayant aussi maintenant le loisir. Cette œuvre donc d’une apres disnée ira vers vous comme le petit ours, lourde masse et difforme, pour y recepvoir sa formation. C’est un chaos, duquel vous avez desjà tiré la lumière. Il reste l’œuvre de cinq ou six aultres journées. C’est une histoire, certes, digne d’estre escrite par cavalier d’honneur, vrai françois, nay d’illustre maison, nourry des

  1. Armand de Gontaut, dit le Boiteux, baron de Biron, maréchal de France. Grand-maître de l’artillerie en 1570. Il fut tué d’un coup de fauconneau au siège d’Épernay, en 1592.
  2. De ce lieu, c’est-à-dire du lieu où se trouvait Marguerite lorsqu’elle écrivait ces Mémoires, c’est-à-dire encore du château d’Usson, et non pas d’Agen, comme la construction de la phrase semblerait l’indiquer.
  3. Jean Timoléon de Beaufort-Montboissier, marquis de Canillac.