Passans, voyez une estrange adventure
D’un corps royal qui dort en ce lieu cy,
Qui, sans changer face, forme ou figure,
Comme il fut vif mort il demeure aussi.
T’esbahis tu ? Or il est tout ainsi,
Car son esprit, estant en ces bas lieulx,
Par foy ravy & conduict dans les Cyeulx
Où il alloit le vray amour suyvant,
Eust de ce corps si peu de soing & cure
Qu’il le laissa, mesmes dès son vivant,
Ung vray tombeau & vifve sépulture.
Ne pleurez pas sur ceste sépulture,
Amys, passans, nostre fragilité ;
Plustost louez de Dieu la grant bonté,
Qui tant orna de graces sa facture
Oultre les loix de son sexe & Nature
Que ses vertus, sur toutes admirables,
Sa saincte vie & escriptz comparables
Aux plus parfaictz de toute antiquité,
Qui feront foy à la postérité ;
Car son temps mesme, esblouy de la gloire,
Est tout surprins de si grande clarté
Qu’en le croyant à peine le peult croyre.
XIII
« Le manuscrit de cet ouvrage que nous annonçons est du XVIIe siècle. Les trois premières pages du Prologue manquent ; l’écriture n’est pas facile à lire. Il appartenoit à la Bibliothèque publique. » (Septier, Manuscrits de la Bibliothèque d’Orléans, ou Notices sur leur ancienneté, &c. Orléans, 1820, in-8o, p. 201.)
Nous devons à l’obligeance de M. Monmerqué, membre de l’Institut, communication d’un exemplaire de l’Heptaméron de 1560, in-4o, sur les marges duquel il a écrit de sa main toutes les variantes que présente le manuscrit d’Orléans. M. Monmerqué, qui a eu ce manuscrit entre les mains pendant quelque temps, nous assure qu’il est bien du XVIe siècle, & non du XVIIe, comme l’a prétendu Septier. Les variantes recueillies par M. Monmerqué sont à