en grand hazard, veu que les parens d’elle logeoient tous ensemble.
Luy, qui n’avoit moins de finesse que de beauté, se conduisit si saigement qu’il entra en sa chambre à l’heure qu’elle luy avoit assigné, où il la trouva toute seule couchée en un beau lict, &, ainsi qu’il se hastoit de se deshabiller pour coucher avecq elle, entendit à la porte un grand bruict de voix parlans bas & d’espées que l’on frottoit contre les murailles.
La dame vefve luy dist, avecq ung visaige d’une femme à demi morte :
« Or à ceste heure est vostre vie & mon honneur au plus grand dangier qu’ils pourroient estre, car j’entends bien que voilà mes frères qui vous cherchent pour vous tuer ; par quoy, je vous prie, cachez vous soubs ce lict, car, quand ils ne vous trouveront poinct, j’auray occasion de me courroucer à eux de l’alarme que sans cause ils m’auront faicte. »
Le Gentil homme, qui n’avoit encores regardé la paour, luy dist :
« Et qui sont voz frères pour faire paour à ung homme de bien ? Quand toute leur race seroit ensemble, je suis seur qu’ils n’attendront poinct le quatriesme coup de mon espée ; par quoy reposez vous en vostre lict & me laissez garder ceste porte. »