Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome II.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


VINGTIESME NOUVELLE


Le sieur de Ryant, fort amoureux d’une Dame veuve, ayant connu en elle le contraire de ce qu’il desiroit & qu’elle luy avoit souvent persuadé, se saisit si fort qu’en un instant le dépit eut puissance d’éteindre le feu que la longueur du tems ny l’occasion n’avoyent sçeu amortir.


u pays de Daulphiné, y avoit un Gentil homme, nommé le Seigneur de Riant, de la Maison du Roy François premier, autant beau & honneste Gentil homme qu’il estoit possible de veoir. Il fut longuement serviteur d’une Dame vefve, laquelle il aymoit & révéroit tant, de paour qu’il avoit de perdre sa bonne grace, que ne l’osoit importuner de ce qu’il desiroit le plus.

Et luy, qui se sentoit beau & digne d’estre aymé, croyoit fermement ce qu’elle luy juroit souvent, c’est qu’elle l’aimoit plus que tous les hommes du monde & que, si elle estoit contraincte de faire