Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome II.djvu/157

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VINGT ET UNIESME NOUVELLE


Rolandine, ayant attendu jusqu’à l’age de xxx ans à estre maryée & connoisçant la négligence de son père & le peu de faveur que luy portoit sa Maistresse, prend telle amytié à un Gentil homme bastard qu’elle luy promeit maryage, dont son père averty luy usa de toutes les rigueurs qui luy furent possibles pour la faire consentir à la dissolution de ce maryage, mais elle persista en son amytié jusques à la mort du Bastard, de laquelle certifiée fut maryée à un Gentil homme, du nom & des armes de sa Maison.


l y avoit en France une Royne qui en sa compaignie nourrissoit plusieurs filles de bonnes & grandes Maisons. Entre autres y en avoit une, nommée Rolandine, qui estoit bien proche sa parente ; mais la Royne, pour quelque inimitié qu’elle portoit à son père, ne luy faisoit pas fort bonne chère.

Ceste fille, combien qu’elle ne fust des plus belles, ny des laides aussy, estoit tant saige & ver-