Page:Marguerite de Navarre - L’Heptaméron, éd. Lincy & Montaiglon, tome III.djvu/109

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QUARANTE NEUFVIESME NOUVELLE


Quelques Gentilz hommes Françoys, voyans que le Roy leur Maistre estoit fort bien traité d’une Comtesse étrangère qu’il aymoit, se hazardèrent de parler à elle & la poursuyvirent de sorte qu’ilz eurent, l’un après l’autre, ce qu’ilz en demandoient, pensant chacun avoir seul le bien où tous les autres avoyent part, ce qu’estant découvert par l’un d’entre eux, preindrent tous ensemble complot de se venger d’elle ; mais, à force de faire bonne mine & ne leur porter pire visage qu’auparavant, rapportèrent en leur sein la honte qu’ilz luy cuydoient faire.


n la Cour du Roy Charles, je ne diray poinct le quantiesme pour l’honneur de celle dont je veulx parler, laquelle je ne veulx nommer par son nom propre, y avoyt une Comtesse de fort bonne Maison, mais estrangière. Et, pource que toutes choses nouvelles plaisent, ceste Dame à sa venue, tant pour la nouveauté de son habillement que pour la richesse dont il estoyt plain, estoyt regardée de